Une idée de sortie, par Praline

Il y a quelques jours, j'ai découvert un endroit dont je ne soupçonnais ni l'existence, ni le pouvoir d'émerveillement. Je n'en ai pas fait de photos, d'une part parce que je n'avais rien sur moi pour en prendre, et d'autre part parce que cela ne s'y prêtait pas.
Son nom n'est peut-être pas très glamour, mais au moins ses couloirs sont vides (mauvais pour les conservateurs) et vous pouvez y passer un bon moment seul avec vous-mêmes (bon pour vous).

Assez tourné autour du pot, il s'agit de la Galerie des peintures murales de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine. Je vous avais prévenus. L'autre jour, donc, j'avais prévu une visite expresse de l'ensemble de la Cité. Je connaissais déjà un petit peu la Galerie des moulages, mais c'est toujours un plaisir d'aller y faire un tour. Déjà, le lieu est superbe. Des salles immenses avec une verrière XIXe et des murs d'un rouge qui semble incongru au départ mais se révèle parfait (c'était la couleur choisie à l'ouverture du musée en 1882).
Rien que cette galerie vaut le détour. C'est un tour de France des monuments en abrégé. On passe de l'architecture romane au gothique, à la Renaissance et on a même un aperçu du XVIIe au XIXe pour le même prix. Ce sont des moulages en plâtre des véritables œuvres (statues ou portails entiers), grandeur nature, le plus souvent patinés pour donner l'illusion de la pierre. L'effet est très réussi. Moissac, Paris, Chartres, Dijon, c'est un véritable voyage dans le temps et l'espace.

Au deuxième étage du musée, on trouve la galerie d'architecture moderne et contemporaine. Des maquettes, des photos et des tas d'informations sur l'architecture du milieu du XIXe siècle à aujourd'hui. Ce n'est pas la partie qui m'intéresse le plus, mais elle a l'avantage de condenser beaucoup de connaissances.

Petit entracte sans le moindre rapport, pour reposer les yeux :
The Beguiling of Merlin par le peintre anglais Edward Burne-Jones.
1872-1877, huile sur toile, 186 x 111cm. Liverpool, Lady Lever Art Gallery.
Un de mes tableaux préférés.

Ce pourquoi j'écris cet article se trouve au bout du couloir du deuxième étage, à peine signalé par quelques pancartes. Dans la Galerie des peintures murales sont installées les reproductions grandeur nature de toutes sortes de chapelles, cryptes et autres petites salles entièrement peintes des murs au plafond. On serpente dans des couloirs relativement étroits qui ouvrent de part et d'autres sur des chapelles entièrement reconstituées. Comme il n'y a personne, on peut vraiment prendre le temps de s'asseoir quelques minutes pour s'imprégner du lieu et du calme qui s'en dégage. Difficile d'imaginer qu'on est en plein Paris et qu'il fait 30 degrés dehors. Personnellement, c'est tout ce que j'aime. Et pourtant, on ne peut pas dire que je sois particulièrement intéressée par la question des peintures murales romanes et gothiques (l'étage au-dessus expose les peintures Renaissance et plus tardives, mais je ne l'ai pas visité). Même si l'on n'est pas touché artistiquement par les œuvres, je ne pense pas qu'on puisse rester insensible.

Et l'entrée de la galerie m'a littéralement coupé le souffle. Je ne voudrais pas trop gâcher la surprise. J'y suis arrivée sans savoir à quoi m'attendre, mais je ne m'attendais clairement pas à ce que j'ai découvert. La première salle est simplement immense. C'est une pièce ronde et complètement vide, à part deux bancs au milieu. En arrivant, pendant un quart de fraction de seconde, j'avoue m'être demandé la raison de cette salle. Et puis j'ai levé la tête, et j'ai compris. Le plafond est occupé par une gigantesque coupole peinte. Elle mesure entre quinze et vingt mètres de diamètre, et dessous on se sent minuscule. Ça peut paraître étrange, mais j'ai ressenti quelque chose de vraiment fort seule sous cette coupole. J'ai fait tout le tour pour profiter des détails, mais la plupart du temps je suis restée en plein milieu de la salle à essayer de profiter au maximum de ce moment. C'est à partir de cette salle qu'on accède aux autres galeries, qui semblent d'autant plus petites et étroites. J'avoue que j'ai visité toutes les chapelles, mais que je ne me suis pas aventurée dans la reconstitution d'une crypte romane (basse de plafond et assez profonde) qui menaçait de faire remonter à la surface une légère tendance à la claustrophobie. Et s'il est assez difficile de quitter la salle de la coupole, pas de souci, c'est par là qu'on ressort. Et on a droit à nouveau au contraste saisissant entre la monumentalité de la pièce et l'étroitesse des galeries, mais cette fois dans l'autre sens, ce qui est d'autant plus fort. C'est un peu comme remonter à la surface. La galerie est au deuxième étage du musée, mais j'avais l'impression d'être sous terre, l'humidité en moins.

En résumé, s'il est pertinent de résumer ma visite, je dirais que c'est un endroit méconnu (voire inconnu) mais fortement recommandé, voire même indispensable à visiter. La Cité est déjà peu fréquentée (sauf son parvis qui offre une belle vue sur la Tour Eiffel, bien sûr), mais la Galerie des peintures murales l'est encore moins. Si vous avez besoin d'un moment de sérénité, c'est là qu'il faut aller. C'est encore mieux si vous vous intéressez à l'histoire de la peinture murale, mais je vous avoue que, même en tant qu'étudiante en histoire de l'art, j'étais trop absorbée par l'atmosphère unique du lieu pour prêter attention aux panneaux.

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