Le jour où j'ai cru mourir, par Praline

     Le soleil avait été généreux depuis ce matin. Les oiseaux pépiaient joliment, de petits animaux folâtraient dans le jardin. J'étais plongée avec délectation dans la lecture d'un roman fantastique dans tous les sens du terme. Le premier avertissement prit la forme d'un bruit. Un bruit inhabituel et inquiétant. Puis c'est une odeur insidieuse qui s'empara de mes narines et je compris quel ennemi j'allais devoir affronter. Je restai immobile quelques instants, espérant que le danger s'éloignerait. Mais l'odeur persistait, tenace et dérangeante. Alors j'attrapai la bestiole et me dirigeait vers la salle de opérations. Mon pas était lourd, mon cœur commençait à s'emballer. Je compatissais soudain pour ces foules de condamnés à mort en route pour le gibet. Dans le long couloir qui menait à mon destin, je ressentais au fond de moi la même peur panique et le même fol espoir que ce soit rapide et sans douleur.

     Alourdie par le poids qui tentait de glisser de mes bras, l'escalier me paraissait ne jamais finir. Les marches succédaient aux marches et je grimpai inlassablement, la mort dans l'âme. Arrivée à destination, je déposai la bête devant moi. Pendant un instant, je plongeai mes yeux dans les siens. A travers ses iris bleu orage, je voyais défiler toute ma vie. Prenant une grande inspiration, je décidai d'en finir.

Je dépliai la protection qui ceignait les hanches de l'animal, et les miasmes de l'enfer me heurtèrent de plein fouet. Je cherchai l'air, en vain. Les relents nauséabonds m'enveloppaient, m'asphyxiaient. Je risquai un œil vers l'origine de mon supplice, mais cela ne fit que le décupler. Ma tête se mit à tourner, mes jambes à flageoler. On ne m'avait préparé à cela. On m'avait soigneusement expliqué la procédure, mais j'ignorais que ces gestes apparemment simples me coûteraient tant.

     Je m'efforçais de retenir mon souffle tout en répétant les étapes successives : soulever la bête, glisser une nouvelle protection, nettoyer le champ de bataille, nettoyer encore, jusqu'à ce que l'air devienne respirable. Cette partie s'avéra la plus difficile. Je nettoyais toujours plus, les yeux larmoyant à cause des effluves putrides. Mais peu importe le nombre de linges souillés que je jetais, je ne m'en sortais pas. J'osais à peine essuyer du dos de la main la sueur qui commençait à perler sur mon front.

     Au bout d'une éternité, la bestiole avait regagné une propreté satisfaisante. J'avais jeté mes dernières forces dans la bataille. Exténuée, je l'observais gazouiller, m'adresser quelques petits sourires hypocrites. Tu peux rire tant que tu veux, pensais-je avec rancune, à présent je connais tes plus sombres secrets.












Le caca de bébé, ça fouette.

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