Des droits d'auteur (et autres joyeusetés), par Praline

Aujourd'hui, j'écris un post un peu différent de d'habitude (si tant est que l'habitude règne sur ce blog, ce que je n'espère pas). Sur une note plus personnelle.  Entendez par là  que je ne vais pas dévoiler ma vie privée (sans intérêt) mais que je vais parler de quelque chose qui ne concerne que ma petite personne, et pour cause. Je me lance.
Un matin, au lycée, je me suis littéralement réveillée avec une idée. Un pitch, comme on dit apparemment. L'idée d'une situation exceptionnelle ou plutôt extra-ordinaire qui aurait lieu dans un futur plus ou moins proche. En bref, un point de départ pour une histoire qui pourrait devenir assez palpitante. Je tiens à préciser que l'imagination n'a jamais été mon fort, donc trouver une idée solide par moi-même l'a rendue d'autant plus chère. Pendant l'été, j'ai écrit l'équivalent d'une page et demi, sans vraiment entrer dans le vif du sujet. Puis le projet a dormi. Je ne retrouvais pas l'état d'esprit dans lequel je l'avais commencé et cela me bloquait pour continuer.

Et puis, au début de cette année, j'ai eu le déclic. Le moyen de dédramatiser mon histoire m'est venu en m'inspirant d'un personnage absolument fascinant découvert dans l'incroyable, la fastueuse, la fabuleuse série de Robin Hobb, L'Assassin Royal. Pour moi, cette lecture a signifié bien plus qu"une série d'heroic-fantasy. La qualité du style, la complexité des personnages, le réalisme de l'univers, et surtout un personnage en particulier auquel je me suis attachée bien plus que je ne croyais possible. Entre chaque tome (je les dégustait au compte-goutte, pour m'imprégner de chacun comme si c'était le dernier), mes pensées étaient quelque peu hantées par cet être pas tout à fait humain, à la fois puissant et terriblement faible. C'est lui qui m'a inspiré un des personnages de la nouvelle à laquelle j'ai posé le point final à peine trois semaines après l'avoir reprise (un record de rapidité pour moi). S'en sont suivies plusieurs autres semaines de corrections, retraits, raturages, qui ont abouties à la version finale de ma nouvelle. Pour la première fois depuis que j'avais découvert l'écriture (au collège), j'avais terminé un projet et en étais fière. La faire lire à mes proches s'est révélé pour le moins difficile : beaucoup d'angoisse, d'impatience, d'appréhension. A mon grand soulagement, elle a reçu un accueil vraiment favorable.
J'ai décidé de l'envoyer à un concours qui me tenait vraiment à cœur car chaque participant, vainqueur ou non, recevrait une fiche de lecture détaillée, rédigée par un auteur professionnel et pleine de conseils. Par un malencontreux concours de circonstances, ma nouvelle ne leur est jamais parvenue. Mais au-delà de la frustration, cet incident a pris depuis hier un aspect inattendu.
Vendredi après-midi, en furetant sur un site de cinéma, je me suis retrouvée sur la page de présentation d'un film dont la bande-annonce venait de sortir. Je n'ai aucune idée de la façon dont je suis tombée dessus, puisque la catégorie "horreur-épouvante" me fait fuir comme la peste. Quoi qu'il en soit, mes yeux se sont égarés sur le résumé, et là mon estomac est tombé dans mes talons. J'y retrouvais, noir sur blanc, un synopsis ressemblant douloureusement à celui de ma nouvelle. A un ou deux détails près, pas plus (si ce n'est le genre), on pourrait le mettre en quatrième de couverture de ma nouvelle. La coïncidence ne m'a pas fait longtemps sourire. Rapidement, je me suis sentie trahie, volée. Une réaction sûrement exagérée, mais je tenais terriblement à mon idée, la seule que j'aie jamais eue qui tienne la route.

A présent, j'ai l'impression qu'elle ne m'appartient plus et qu'on peut m'accuser de plagiat. Le rapport avec le concours, me demanderez-vous peut-être? Sans ma participation, je ne peux pas prouver que j'ai écrit ma nouvelle avant d'avoir lu le pitch de ce film. Je ne peux pas prouver que j'ai eu toute seule cette idée à laquelle je me suis accrochée pendant au moins trois ans, le temps dont j'ai eu besoin pour la coucher sur le papier. Je ne me suis jamais consacrée à un projet personnel pendant si longtemps. Ma nouvelle n'est certes pas parfaite et ne sera peut-être jamais publiée, mais elle vient du fond de mon cœur et je ne peux pas supporter qu'on imagine le contraire.
Merci de m'avoir lue et félicitations d'avoir atteint la fin de ce pavé.

1 commentaire:

  1. Hellou, un très beau billet d'humeur chère Praline ! Mais même sans participation, tu as des témoins qui t'ont entendue développer cette idée pendant toute l'année dernière et tu n'es pas du genre à tricher... De plus même si ce scénariste a eu la même idée que toi, vous n'avez pas le même style ! De ce fait ton histoire restera à jamais unique dans mon coeur ! Bisous et à bientôt pour un nouveau texte, car il n'est pas question que tu te décourages ma little Flaubert !

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